Un Dossier Santé – COVID-19
- Dr Yacine Zerguini
- Jul 25, 2020
- 4 min read

En ces temps difficiles où la pandémie du covid19 fait vaciller les fondations les plus profondes de l’économie mondiale et qui exige une réinvention du fonctionnement des institutions et des sociétés, il nous est nécessaire en tant que scientifiques, médecins, assureurs, banquiers et législateurs, à toutes les forces vives de la nation et, avant tout, en tant que citoyens, de réfléchir à la meilleure manière de vivre l’environnement de ce virus.
En effet, nous nous devons de proposer toutes les idées, notions, concepts et initiatives susceptibles de construire le monde d’aujourd’hui et de demain pour faciliter la vie aux citoyens et trouver des solutions à des problèmes factuels.
De ce fait et dans le cadre de la libre circulation des personnes dans toute sa dimension, nous proposons la mise en place d’un ‘’Dossier Santé’’ numérique capable de donner sur un espace temps relativement court, l’état de santé des personnes, à travers des informations d’ordre clinique, radiologique, physiopathologique et biologique, y compris celles liées aux tests diagnostiques d’une éventuelle contamination par le virus SARS-CoV-2 du Covid-19.
Pour ce faire, les biotechnologies et les technologies de l’information, offrent des possibilités diverses et variées tout en permettant de certifier la contamination avec une précision très convenable.
Se posera évidemment la question de la confidentialité et de la protection des données de santé des personnes en respect des lois et règlements en la matière, comme ceux du RGPD, Règlement général sur la protection des données.
.
En termes d’assistance, les compagnies d’assurances apportent, à ce jour, des solutions dans le cadre des assurances voyages mais desquelles les pandémies sont exclues. Aujourd’hui aucune compagnie d’assurance au monde n’est capable de fournir à ses clients une couverture contre le risque du COVID19. Les calculs actuariels ne sont pas encore faits et les limites de garantie, les frais liés aux soins à prodiguer pour ces cas, ne sont pas encore évalués avec précision. Sans oublier que le rapatriement n’est, à l’heure actuelle, autorisé par les états, ni via transport commercial par avion de ligne, ni encore moins, par ‘’evasan’’ (évacuation sanitaire) et ce, dans le but de limiter la propagation du virus.
Imaginons une situation, parmi d’autres, et regardons de plus près les conditions de la reprise des compétitions sportives internationales, comme, pour l’exemple, celles de la CAF - Confédération Africaine de Football. Elles devraient reprendre dès le mois de Septembre par les matches ultimes de la CL Ligue des Champions et de la CC Coupe des Confédérations. De nombreux joueurs et officiels se verraient donc dans l’obligation de voyager au delà des frontières de leur pays, pour séjourner et activer en terre étrangère.
De quoi s’agit il ? Il faudrait, en fait, donner d’abord la possibilité aux autorités sportives organisatrices comme la CAF, responsables dans l’enceinte sportive, de contrôler efficacement que chaque acteur du jeu ait réellement été soumis aux examens médicaux préventifs habituels, ainsi qu’aux tests complémentaires médicaux et physiques rendus très certainement règlementaires et obligatoires. Et aussi que ces mêmes acteurs du jeu soient correctement couverts contre le risque de blessures et de maladies, comme le règlement l’exige déjà, et dorénavant, aux risques liés à la pandémie COVID.
Il nous faudrait donner aussi, à l’occasion des déplacements futurs, aux autorités nationales de départ et d’accueil, l’opportunité d’une visibilité sur l’état de santé des joueurs et officiels qui quittent ou rejoignent un pays donné.
La solution réside à notre humble avis dans :
· La disponibilité de tests médicaux, ceux décrits plus haut dans ce texte, au niveau des nations africaines, pour l’ensemble des athlètes, par les centres médicaux et les laboratoires agréés, qu’ils soient publics ou privés à des tarifs règlementés raisonnables
· La conception et la mise en place d’une «plateforme numérique» qui permettrait la collecte et la vérification de la véracité des données et de leur qualité. Pas seulement. Cela permettrait aussi, la délivrance d’une attestation officielle, valable pour le déplacement programmé, dans le cadre du calendrier de compétition
Toutes les associations membres et les Clubs concernés se verraient dans l’obligation de s’y connecter et de transférer les données préalables à l’obtention de l’attestation officielle
· Le fait que certains tests pourraient être renouvelés régulièrement et réactualisés jusqu’à la fin de la pandémie officiellement annoncée par l’OMS
· L’utilisation de cette plateforme dans le cadre d’un Dossier Médical Partagé consultable avec l’accord express du patient via un code d’authentification, QR Code, ou par signature électronique.
Cette plateforme et l’application qui en découlerait seraient dénommées «Dossier Santé Football COVID-19» ou «DSFC»
Cette seule plateforme dédiée aux équipes nationales, toutes catégories confondues, et aux clubs participants aux compétitions officielles africaines devrait intéresser une population de près de dix mille (10.000) joueurs et joueuses. Population à laquelle il faudrait ajouter tout le personnel de soutien administratif, technique, médical et logistique de chaque équipe ; sans oublier les officiels de la CAF, arbitres compris, et toute la famille des médias.
Concernant les Acteurs du Jeu, des perspectives médicales et scientifiques, de prévention et de recherche, apparaissent clairement avec la possibilité d’introduire au jour le jour, selon des protocoles définis par avance, les informations concernant les blessures, les maladies, les évaluations physiques et techniques, objectives et subjectives, sur l’état de l’athlète, y compris mental.
Cela permettra certainement de mieux cerner les diverses pathologies liées à la pratique sur notre continent et par là même de concevoir des programmes préventifs et thérapeutiques précis. Cela permettra d’évaluer les coûts et d’équiper correctement les centres médicaux chargés des soins. Le souci du paiement de soins longs et onéreux, des carrières suspendues ou définitivement compromises, pourrait trouver ici une solution.
Du point de vue particulier des assurances, pour cette population particulière, l’Organisation des Assurances Africaines (OAA) devrait être un partenaire idéal à divers égards. C’est une organisation non gouvernementale créée en 1972, dont le secrétariat permanent est établi au Cameroun et qui compte actuellement 285 membres dans 46 pays Africains.
Au delà de cet exemple édifiant qui concerne une population limitée, l’idée est de pouvoir utiliser une plateforme du même genre adaptée à des populations moindres ou beaucoup plus importantes. Cela permettra, éventuellement d’intégrer les données de santé au sein de bases de données institutionnelles.
Si ce type de plateforme venait à voir le jour en Algérie, à travers nos startups, pour des populations sportives, scolaires ou estudiantines, voire corporatives, ce serait là une opportunité formidable et une véritable fierté pour tous en tant que citoyens algériens.

Commentaires